Documents biographiques

« Encore que la Maison de Dognon apartenante à M. D’Aubigny n’aye esté fortifiee de mon temps. Je ne laisse à considerer que telles entreprises sont prejudiciables à l’autorité du Roy et honteuses à moy. dont desirant en oster l’abus dans l’estendüe de ma charge, j’ay voulu commancer par ceste place là. Pour c’est effect je suis allé au lieu et ay remonstré audit S. d’Aubigny que n’ayant eu nulle commission de sa Majesté de fortiffier il attiroit sur luy ses mauvaises graces et tost ou tard sa ruine, que j’avois esté tousjours son ami, mais non au prejudice du service du Roi et de mon honneur, que les plus courtes folies estoyent les meilleures, qu’il faloit estre exemple d’obeissance, que je savois bien les despences qu’il avoit faittes à construire et garder ceste fortification et qu’il s’en estoit incommodé, que je m’efforcerois envers le Roy (auquel il estoit en ombrage) de luy moyenner quelque recompense. Sur quoy ayant eu divers discours sur sa pauvreté et sur ce qu’il vouloit devenir, enfin nous en sommes revenus la, qu’il me donne sa parole de faire ce qu’il plaira au roy, soit de bailler le Dognon en seul, ou son gouvernement de Maillezais seul ou le tout ensemble s’il se trouve gentilhomme dans la province fort fidelle au roy, qui avec son agreation s’accommodera avec luy du gouvernement, c’est maintenant à sa Majesté ou permettre qu’il se deffasse de Maillezais et le laisser dans Dognon remettant à le faire razer apres sa mort ou qu’il se deffasse du tout.

Pour moy je croy que ce dernier est le meilleur. et Pour tout cela il ne demande au roy que deux choses, qu’il luy continue les pensions qu’il a il y a long temps et douze mille escus pour faire razer le Doignon.

Quant au premier point, il ne gardera pas long temps sa pension, Car il a soixante six ans passés, et pour le second, on le peut faire porter au pays en deux ans, soit sur la riviere de Marans ou sur tout le pays. Mais il faudroit que M. de Beaumarchais ou autre advancast l’argent [88 v°] et s’en remboursast sur ladite imposition, et parce que le roy courroit fortune d’y gaigner plustost que d’y perdre. Car on scait bien quand on met une imposition et non quand on l’oste.

Pour sa demeure il parle d’aller hors de France à Basle à Geneve ou à Venize. Mais je la trouve fort indiferente soit en ses lieux la ou en France n’ayant plus de place.

J’ai promis de luy dire quelle seroit la volonté du Roy dans le vingtiesme d’octobre. »