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Documents biographiques
1616 27 novembre
Lettre de Villette à Pontchartrain. Aubigné « s’enfon[ce] dans la perdition », il faut qu’on « le tire de cette terre ».
Clairambault 1166, f° 27°,
Schrenck, Albineana 5, p. 137-138.
« Je sais bien qu’il y a plusieurs années que je vois à mon grand
regret mons. d’Aubigny mon beau père s’enfoncer dans la perdition par
les voies de la brouillerie et par une trompeuse prévoyance et opinion
qu’il a toujours eue du bouleversement et dissipation inévitable de cet
Etat, J’oserai dire aussi par un instinct naturel qui le porte aux
choses nouvelles et violentes, Et aussi la nature de son petit
gouvernement qui sembloit lui promettre de grands avantages sur ses
voisins en cas de guerre civile. Je connais que cette place qu’il a
bâtie et fortifiée l’entretient autant en cette mauvaise humeur
qu’aucune autre circonstance de son être et de sa condition et
lui fait passer sa vieillesse en inquiétudes et desseins déréglés ; le
rend odieux au pays, suspect au Roi et aux principaux ministres du
nombre desquels vous êtes. Je manquerais donc tout ensemble et au
devoir de fils ou de gendre et à celui de bon français et serviteur du
Roi si je ne tâchais par tous moyens de lui faire perdre ceux qui le
flattent en son erreur et l’attachent à la poursuite de son mauvais
procédé. J’ai toujours travaillé comme je fais encor avec la piété que
les enfants doivent à leurs pères quels qu’ils soient. Mais autrefois,
ça été en tâchant de changer son humeur et lui faire goûter le bien du
service du Roi par les faveurs et bienfaits de sa Majesté, en quoi j’ai
eu Monsieur de Villeroy pour aide puissante et telle que Monsieur
d’Aubigny ne saurait désavouer les fruits qu’il en a reçus, lesquels
fruits ayant mal germé en lui et produit des rébellions au lieu de
services, à la vérité je suis maintenant contraint par naturel et par
conscience de solliciter qu’on le tire de cette terre [f° 28 v°] qu’il
a nouvellement remuée, en espérance qu’étant trans[feré ?] il fructifie
en bien ou devienne stérile et toujours hors de [] de crime et en
repos, faisant en cela vers mon père ce que font plus souvent les pères
a leurs enfans leur faisant du bien malgré eux et contre leur apetit.
Aussy me promets[] Monsieur que quand vous aurez approuvé et fait
gous[] cette ouverture generale, vous voudrez en ce qui est de
l’exécution particulière sur le fort du Dognon, faire [suivre ?] au Roi
les voies les plus douces et les moins participantes de rigueur et de
mépris. [Le ministre doit se souvenir] que ce petit recoin de terre,
pour estre gouverné par un esprit factieux et passionné a atiré dans le
Poictou l’armee de Mons. le Prince et donné le branle aux armes qui se
levèrent en cette province là, d’où a la faveur de cette pièce et de
quelques autres à sa devotion, Monsieur le Prince tra[ita] de paix
comme de pair avec l’autorité Royale… »
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