Documents biographiquesLE MANUSCRIT CLAIRAMBAULT ......................................... f° 88 Mémoire de Rohan slsd (première partie d'octobre 1618) Correspondance p. 1399-1400 « Encore que la Maison de Dognon appartenant à Monsieur d'Aubigné n'ait été fortifiée de mon temps, je ne laisse à considérer que telles entreprises sont préjudiciables à l'autorité du roi et honteuses à moi. Dont désirant en ôter l'abus dans l'étendue de ma charge, j'ai voulu commencer par cette place-là. Pour cet effet je suis allé au lieu et ai remontré audit sieur d'Aubigné que n'ayant eu nulle commission de Sa Majesté de fortifier il attirait sur lui ses mauvaises grâces et tôt ou tard sa ruine ; que j'avais été toujours son ami, mais non au préjudice du service du roi et de mon honneur ; que les plus courtes folies étaient les meilleures ; qu'il fallait être exemple d'obéissance ; que je savais bien les dépenses qu'il avait faites à construire et garder cette fortification et qu'il s'en était incommodé ; que je m'efforcerais envers le roi (auquel il était en ombrage) de lui moyenner quelque récompense. Sur quoi ayant eu divers discours sur sa pauvreté et sur ce qu'il voulait devenir, enfin nous en sommes revenus là, qu'il me donne sa parole de faire ce qu'il plaira au roi, soit de bailler le Dognon en seul, ou son gouvernement de Maillezais seul, ou le tout ensemble s'il se trouve gentilhomme dans la province fort fidèle au roi, qui avec son agréation s'accommodera avec lui du gouvernement. C'est maintenant à Sa Majesté ou permettre qu'il se défasse de Maillezais et le laisser dans Dognon remettant à le faire raser après sa mort, ou qu'il se défasse du tout. Pour moi je crois que ce dernier est le meilleur. Et pour tout cela il ne demande au roi que deux choses : qu'il lui continue les pensions qu'il a il y a longtemps, et douze mille écus pour faire raser le Dognon. Quant au premier point, il ne gardera pas longtemps sa pension car il a soixante-six ans passés, et pour le second, on le peut faire porter au pays en deux ans, soit sur la rivière de Marans ou sur tout le pays. Mais il faudrait que Monsieur de Beaumarchais ou autre avançât l'argent [88 v°] et s'en remboursât sur ladite imposition, et par ce moyen le roi courrait fortune d'y gagner plutôt que d'y perdre. Car on sait bien quand on met une imposition et non quand on l'ôte. Pour sa demeure il parle d'aller hors de France à Bâle, à Genève ou à Venise. Mais je la trouve fort indifférente, soit en ces lieux-là ou en France, n'ayant plus de place. J'ai promis de lui dire quelle serait la volonté du roi dans le vingtième d'octobre. » |
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