Documents biographiques

LE MANUSCRIT CLAIRAMBAULT

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f° 77-78 Aubigné à Pontchartrain

Maillezais, 23 août. Signature autographe.

Correspondance p. 917-921

« Monsieur, je n'ai point voulu jusques ici importuner vos plus grands et meilleurs affaires des miens, fâcheux jusques à ce que Monsieur de Rohan m'ait fait savoir que vous ne réprouviez pas une ouverture qu'il vous avait faite sur nos propos. Je lui ai dit avec amertume de cour, qu'ayant servi Henri le Grand avec plus d'ardeur de péril et de travail qu'autre que je connaisse, mais avec moins de soin de presser les récompenses qu'il ne fallait, j'en suis demeuré là que l'extrême violence de ma jeunesse ne peut faire estimer qu'un autre âge m'ait donné d'autres mours, joint qu'étant obligé de serments ès mains de ceux qui les ont méprisés et qui les avaient exigés, je n'ai pas réglé ma foi à mes auteurs : mais en la gardant je me suis engagé à un misérable parti bien que je le reconnusse pour tel. Cet engagement fut cause que je briguai à Loudun la clause de l'édit par laquelle il y a solution mutuelle de tous serments donnés et reçus, et crainte que cela fût oublié j'en envoyai de mon lit1 un billet à Monsieur de Villeroy. L'observation que j'ai rendu à cet article a paru aux derniers mouvements auxquels vous ne doutez point que je n'aie été sollicité ayant quelque crédit et expérience parmi les armes, et encor vous pouvez vous souvenir que dès lors j'étais privé de toutes mes pensions, criminel de mon absence et des avantages que les présents ont pris sur moi par leurs rapports. Toutefois l'obéissance que je dois au Roi n'a point senti ni les dépits que plusieurs prennent [de] telles choses, ni les vaines espérances ni les sollicitations des désespérés. Je n'allègue pas la connaissance de mon devoir pour reproche mais contre les mauvaises descriptions qu'on fait de moi. Or Monsieur je suis demeuré déchiré et dépouillé : le premier m'est insupportable, j' y apporte mes écrits, faibles remèdes pour les absents. Je porte l'autre plus patiemment, ne pouvant rien avoir que je puisse disputer contre mon Roi, à la justice duquel tout appartient, et puis ces remarquables services qui m'avaient acquis des pensions il y a quarante-cinq ans ont été dévorés par le temps, méprisés et peut-être haïs en cetui-ci : je ne suis pas moins prêt de porter ma vie au service de mon Roi que ceux qui vont croissant en biens et honneurs, et outre cela si désireux de sa bonne grâce que j'ai dit et écrit à Monsieur de Vignoles plusieurs fois ce que je vous adresse maintenant, non seulement comme à celui en la famille duquel j'ai connaissance dès le berceau, mais comme à personne publique et qui a en charge la province où je suis employé. C'est que je désire patiemment la bonne grâce du Roi qui ne peut être sans que Sa Majesté prenne confiance de moi, ne m'offrant point à être ni son serviteur ni son sujet pour ce que cela est à Sa Majesté sans mon offre, mais je y ajouterai un terme que le maudit siècle fait permettre sans raison. C'est que je voudrais mourir son serviteur partisan, ainsi que j'ai dit à Monsieur de Vignolles et qu'il m'a promis de vous dire. Voilà la première partie de ma requête, demandant à me donner moi-même sans l'aide de ceux qui trafiquent de moi. Mais si je ne puis obtenir ce bonheur je me condamne à l'ostracisme pourvu qu'avec honneur, et à user mes jours relégué entre les plus fidèles voisins et serviteurs de la Couronne avec lettre de faveur et un écu de pension, afin d'être plus obligé, et bientôt haï et puni de ceux entre lesquels j'habiterai s'il m'échappe parole ni effet qui passe le devoir envers mon Prince. Si on me prend au mot cette proposition je demande la permission de me défaire de ce qui m'appartient dans quelques mois, selon qu'il m'est permis, Et pour ce que Monsieur de Rohan m'a mandé que vous approuviez de mettre ma maison entre les mains du Roi, je vous supplie de voir la lettre de Monsieur de Vignolles, pardonner la longueur de la mienne qui est chose bien éloignée de ma coutume et à laquelle m'instruit la nécessité, encor oserai je vous demander réponse laquelle je baiserai en la recevant, principalement si elle m'apporte moyen de demeurer tout entier utile à mon Roi et à vous, Monsieur, .

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