Documents biographiquesLE MANUSCRIT CLAIRAMBAULT ......................................... f° 66 Montholon à Pontchartrain Poitiers, 21 juillet 1618 Correspondance p. 1393-1394. « Monsieur, Le passage de Monsieur de Mayenne a fait retarder Monsieur le comte de La Rochefoucauld de deux jours plus que je ne vous avais mandé par la mienne du 4, mais il eût été de mauvaise grâce qu'il fût parti d'ici le jour même que celui-là y arrivait. Il fit tout ce qu'il put pour ne point passer par cette ville et n'y a point arrêté ayant passé de longue, quoiqu'il fût proche de la nuit. Seulement descendit-il de son carrosse au logis de mondit sieur de La Coste pour faire trois ou quatre pas dans la cour pour dire bonjour à M. de Parabère et moi qu'il y voyait. Il fut induit avec grand peine de vouloir voir Monsieur de Poitiers, qui courut après lui jusqu'à la porte où il le reçut assez froidement à ce qu'on m'a dit. Ceux de la ville lui rendent tout l'honneur qu'ils peuvent. Ledit sieur de Parabère va en sa maison des Roches. Par ses discours nous avons alors reconnu le soin qu'il a pris de tenir divisés Monsieur de Rohan et de La Rochefoucauld. Il m'a fait savoir le traité qui est arrêté entre M. d'Aubigné et le sieur de Chandolant à 80 mille les deux places, à savoir 31 pour Maillezais, 20 pour le domaine que ledit sieur d'Aubigné a alentour du Dognon, et 30 qu'il désire être fournis par le roi. Moyennant quoi cette place sera ruinée et pour l'exécution de cela lui a accordé trois mois. Mais ce qui induira plus le sieur d'Aubigné à le faire de bonne foi, c'est que Monsieur de Rohan lui a promis de lui donner retraite pour sa vie à Beauvoir. Il y a deux choses en ce traité qui dépendent du roi seul d'accorder : le brevet pour Maillezais, et de donner 30 mille livres de son argent sans quoi ils diront ne pouvoir rien faire. Mais à mon opinion ils tâcheront encore de faire cette somme d'eux-mêmes pour se conserver entier le Dognon, quoiqu'ils aient promis audit sieur de Parabère de le faire raser à cause du [v°] voisinage de Niort. Ainsi la conclusion ou rupture de cette affaire dépendra à mon avis du brevet. Cependant ledit sieur d'Aubigné n'a rompu avec les autres qui lui feront sentir qu'il ne doit point tant de charité au parti que de perdre avant toute considération huit mille livres et plus qu'il peut toucher d'un autre. L'un d'eux m'est venu trouver hier au soir pour me dire que ledit sieur d'Aubigné n'est point résolu de vendre Maillezais sans le Dognon quoique M. de Rohan y insiste, et en ce cas lui promet quatre hommes entretenus dans cette place-ci. Ceux de La Rochelle, qui depuis le voyage de Monsieur de Villette, songent plus à leurs affaires qu'auparavant, ont envoyé vers lui le prier de se point défaire de cette place, lui promettant entreténement pour la conserver en cas de guerre. Nous verrons ce qu'opèrera d'ailleurs l'arrivée de M. de Vignolles que j'ai toujours ouï estimer pour un sage gentilhomme ; je n'ai point encore eu de ses nouvelles. Je ne vois pas aucun moyen de retenir ceux de La Rochelle en leur devoir car le peuple y commande, qui peut tout porter à la confusion, et comme je crois, à la guerre. La seule démission y peut opérer, laquelle à mon avis il sera inutile de tâter pendant les brouilleries, mais cela passé, il s'y pourra possible faire quelque chose. Il serait fort à propos qu'il vous plût m'envoyer une lettre pour M. du Jau assesseur au présidial par laquelle Sa Majesté montre avoir été avertie par moi de l'affection qu'il a à son service, le convier à la continuer, et promettre de le reconnaître lors que les occasions s'en présenteront. Vous en ferez toutefois ce qu'il vous plaira. J'enverrai à M. de Parabère ce que vous m'adresserez pour lui ainsi que vous me marquez par la lettre du 20 et en toutes choses tâcherai à effectuer ce qui me sera ordonné par vous, ne désirant rien mieux sinon que vous me teniez. |
||