Documents biographiquesLE MANUSCRIT CLAIRAMBAULT ......................................... f° 144 Villette à Pontchartrain Niort, 14 avril Correspondance, p. 1410-1411. « J'ai été retardé en ce pays depuis quelques semaines par l'opinion d'en voir approcher le Roi et par l'espoir d'y recevoir vos commandements, desquels je me promets l'honneur en cas qu'il faille porter ailleurs qu'en ces quartiers le service dû à Sa Majesté par ceux de ma condition. Je crois ne vous devoir taire que quelqu'un traite avec monsieur d'Aubigné pour son fort du Dognon et pour Maillezais tout ensemble, qui veut lui bailler comptant, à ses périls et fortunes, pour toutes les deux places, une somme si grande, que cette proposition à accepter a fait naître dans l'esprit de mon dit sieur d'Aubigné quelque soupçon que ces offres lui soient faites de la part de quelque grande puissance contraire au service du roi sous le nom supposé d'un gentilhomme, à la vérité de la religion parce que cette circonstance est requise pour Maillezais, mais si médiocrement moyenné qu'il n'y a nulle apparence qu'il puisse fournir à ce qu'a promis pour lui un gentilhomme encore moindre et assez fin négociateur, lequel toutefois voyant la retenue de monsieur d'Aubigné lui dit après lui avoir offert jusqu'à cent dix mille livres : « Hé bien, Monsieur, demandez ce que vous voudrez et vous l'aurez.» Cette parole assura de ce dont on avait douté, de sorte que le possesseur, ne voulant préjudicier au service du roi ni aux églises de sa profession, a résisté à la tentation d'une si grande somme et se serait [v°] résolu d'en faire passer l'avis jusqu'à vous, n'était qu'il craint que l'on prît cet avertissement pour sollicitation de l'accomplissement du traité d'entre monsieur de Montholon et lui. Ce que voyant, Monsieur, j'ai pensé que je devais passer sur ce petit respect pour vous avertir de cette particularité d'y pourvoir, selon que aviserez bon être. Parce qu'en cette occurrence de la paix et de la guerre en balance, l'importance d'une place un peu considérable est de grand poids, soit pour se rendre plus fort à l'extrémité, ou pour tenir plus roide dans les conditions de la pacification. Le gentilhomme prétendu acheteur s'appelle Puyguyon, autrement Fraignaux, qui a du bien en Saintonge et en Bas Poitou, et son négociateur La Girardière. Si ces noms quoique peu célèbres ne sont sur les papiers de quelqu'un pour le roi, assurément ils sont employés par quelque grandeur contraire. C'est ce que je vois présentement digne de vous être dit, d'autant que monsieur d'Aubigné n'a point rompu absolument avec le dit sieur de Puyguyon, et que d'autre part il pense avoir été comme amusé et abusé en ce que monsieur de Montholon avait fait avec lui. » |
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